PHILOSOPHIE

Depuis son village natal de Yamaska, les études et le travail emmenèrent Carmelle BOURGEOIS à habiter successivement plusieurs villes de la région avant de s’installer à demeure dans la communauté drummondvilloise.

Ressentie dès l’enfance, sa nette attirance envers les couleurs et le tissu trouvent un écho dans la pratique du batik qu’elle aborde en 1978 et qui est demeuré depuis son mode d’expression exclusif. Essentiellement autodidacte de formation, elle s’y consacre plus assidûment à partir de 1985, date de sa première exposition d’importance.

Depuis ce temps, une douzaine d’expositions solo, une trentaine d’expositions de groupe et une production cumulative de trois cents de ses oeuvres vendues tant au Québec qu’à l’étranger, font d’elle une artiste en art visuel de plus en plus reconnue.

Depuis 1994, moment où elle entre en contact avec la pédagogie libératrice et individualisée du Frère Jérôme, à son atelier de Montréal, sa carrière connait un tournant décisif. En effet, suite à cette rencontre, son geste pictural évolue, il éclate, le dessin se dépouille pour laisser émerger une plus grande importance spatiale du personnage et une luminosité plus intense l’obligeant parfois à user de l’environnement extérieur pour contenir le débordement de l’émotion ressentie.

À cause des matériaux à forte teneure symbolique, utilisés par son médium le batik, utilisant tour à tour l’eau, la cire et la chaleur, elle se sent projetée à chaque fois au plus profond de son intériorité, lieu de culte qu’elle privilégie pour laisser libre cours à son élan créateur. Très fortement liée à son évolution spirituelle, son évolution plastique se veut une authentique démarche de révélation du sens sacré des hommes et des choses. Son oeuvre se veut plus qu’esthétique, elle se veut accompagnatrice dans la démarche d’humanité et de divinité de ceux et celles qui lui portent attention. Sa recherche constante d’oecuménisme dans l’expression artistique de la spiritualité, l’amène à vouloir explorer de nouvelles pistes, à se documenter sur les grandes religions, et à rechercher de nouveaux contacts avec des gens de confessionnalités différentes. Elle désire toucher le coeur, favoriser un moment et un lieu de rencontre intérieure, trouver une façon particulière et universelle de communiquer, tout en tentant au passage, de laisser à la divinité le soin de se révéler elle-même individuellement, et à se réfléter en chaque personne, tel un miroir, à travers la beauté de l’art.

Cette phrase de l’écrivain Maurice ZUNDEL, théologien et mystique de notre temps, résume bien sa philosophie:

" L’élan qui emporta l’artiste nous entraîne à notre tour en la joie et la ferveur de l’impulsion créatrice. Nous ne sommes plus devant une oeuvre mais à l’intérieur d’une confidence mystérieuse où notre coeur se brûle au contact d’une réalité infinie. Quelque chose de meilleur que nous vit en nous. "

Secret du coeur
Aquarelle
18 X 25 cm.

 

Créer une oeuvre d’art qui permette d’ouvrir un dialogue de facture universelle et intimiste tout à la fois, c’est le défi de chaque instant qu’elle s’emploie à relever!


TECHNIQUE

Le batik donne toujours naissance à des oeuvres d’art uniques et personnelles car il est pratiquement impossible de reproduire exactement le même travail.

L’artiste utilise une pièce de soie ou de coton blanc sur laquelle elle met en place un premier dessin au crayon ou au fusain. Par la suite, elle tend le tissu sur un métier de bois et trace les contours de l’esquisse à l’aide d’un tjanting ou d’un pinceau. La cire liquide est maintenue chaude, à température constante, à l’aide d’un réchaud.

Le peintre détermine alors les couleurs désirées, ainsi que les zones qui recevront les teintures successives. Le tissu est ensuite immergé dans la teinture, autant de fois qu’il y a de couleurs prévues, en commençant par les teintes les plus claires pour aller progressivement vers les couleurs plus foncées. Entre chaque bain de teinture, il faut compter une période de séchage qui permet la fixation de la couleur sur le tissu.

Lorsqu’à la fin, toutes les couleurs sont en place, il faut procéder au nettoyage de la cire et permettre à l’oeuvre d’apparaître dans sa totalité. À partir de ce moment, cette dernière est prête à être encadrée pour présentation publique.

L’oeuvre de batik ainsi produite dans le calme et la détente, donne à l’artiste la possibilité de laisser s’exprimer ses qualités de visualisation et ses aptitudes tactiles, tout en lui permettant d’entrer dans un monde où la magie des couleurs, le contact du tissu et l’odeur de la cire chaude rejoignent subtilement la finesse de l’esprit et le goût de la beauté!